2016 – Sylvain Billon Interview Part 4/4

OSBMXF : Et bien merci Sylvain pour cette interview et toutes ces infos sur la saga MBK qui n’ont certainement pas manqué d’intéresser les jeunes comme les vieux (nous les premiers) et bravo pour ton investissement dans le bicross. On finit par les traditionnels remerciements  et un clin d’œil de ta part avec ta Harley Davidson !

René, Claude et Gerrit – Cavaillon 2013

SB : Non c’est moi qui vous remercie  Seb et toi de gérer aussi bien le site Oldschool BMX France. Sans vous je n’aurais pas fait la démarche pour retrouver les Cordier, Vuillemot, Cassan, Lalli, Kastler, Khoeler, Roman… et tous les autres comme Christine et René Nicolas, ainsi que Gerrit Does. Un clin d’œil, voici une photo de ma femme, Marie, et de moi-même à 40 ans d’écart. On n’a pas beaucoup changé finalement !

Sylvain_Harley_1976 - 2016_LR

OSBMXF : Sylvain, on t’a fait une petite surprise avec quelques personnes « pas très connues » qui ont des choses à te dire !

Ed_2015Edouard CORDIER : Alors quoi te dire de particulier sur mon vieux pote ?????? Pas grand chose ? Non évidemment, Sylvain a été pour moi une pièce maîtresse dans mon parcours BMX ! Et pas seulement sur un plan sportif, mais aussi sur le plan humain. Quand Motobécane s’est lancée dans l’aventure Bicross en 1982, Sylvain m’avait dit : « Si tu gagnes le Trophée, je te prends dans le team qu’on va créer l’année prochaine ! » Résultat 2ème… Et malgré ma 2ème place, il m’a incorporé dans le team Mongoose France. Vraiment cool !

BXM24-Sept1984-EdwardCordier
BXM 24 -Sept 1984

C’est aussi grâce à lui que je me suis lancé dans l’encadrement avec un soutien logistique et financier. Il a été le premier manager à mettre en place une couverture sociale en collaboration avec l’usine MBK. Quand j’ai quitté MBK pour monter ma boite avec la création des vélo « Cordier Factory », je me souviens qu’il avait été déçu de mon départ mais m’avait fortement encouragé.
Des souvenirs ? Oui plein. Entre la tournée que nous avions fait ensemble à la Martinique, le Japon, mais aussi les stages au Rouret dans la Drôme avec Andy Ruffell entre autre et les « Chiens Fous ».
Juste pour l’histoire, Jean-Luc Ferré et moi devions faire partie des Mad Dogs ! Si si, Je t’assure. Demande à José…

EdwardCordier-MadDog
Edouard, le 4ème Mad Dog ?? 1984-2013, près de 30 ans séparent ces 2 photos…

Voila, vraiment l’occasion de lui dire un grand grand merci, parce que si aujourd’hui je vis ma passion en travaillant dans le BMX, Sylvain a forcément contribué à tout cela !
Alors, merci beaucoup Monsieur BILLON pour ce que tu as fais pour moi !

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Sylvain et José, les retrouvailles – Béton Hurlant 2012 – Photo C. Van Hanja

José DELGADO : Alors Sylvain Billon… Les premiers souvenirs qui me viennent, sa collection de Vans dont il était fier et qu’il avait ramené d’un peu partout, je ne sais pas s’il les a encore…
Sinon ses choix musicaux pour nos shows… Haha… On a eu quelques désaccords la-dessus, faut dire qu’il nous sortait des trucs des fois… Haha… Comme Don Quijote par exemple… Et j’en ai oublié la plupart… Mais on arrivait quand même à le raisonner dans l’ensemble…

Collection Vans Sylvain
La fameuse collection de Vans – 2016

En tous cas sympa et patient je pense…
Il avait quand même une sacrée équipe à gérer, et nous les Mad Dogs, on n’était pas les plus faciles à mon avis…
Bref, de bons moments passés ensemble chez MBK avec « Yon yon » comme on le surnommait entre nous..

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Christophe VICO : Un souvenir avec Sylvain Billon ?… Pas exactement, plutôt un doux sentiment de quiétude.

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Chris Vico 2013 – Photo Isabelle Beaumont

En effet chaque fois que je rencontrais Sylvain aux bord d’une piste, que ce soit en France ou à l’étranger c’était un peu comme faire une séance d’acupuncture. Ce type était le Gandhi du BMX, toujours posé, calme, précis et respectueux de la personne humaine. Je ne l’ai jamais vu lever la note, jamais critiquer qui que ce soit. Sylvain était le coach du team MBK, une icône pour tous. Je n’ai rencontré que très peu de personnes qui me fassent cet effet. Ceci dit lorsqu’il entamait une conversation avec Jean-Luc Ferré une autre force tranquille, la conversation pouvait avoir un effet anesthésiant sur le sudiste agité aux origines marseillaises que je suis. (Rire !)

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Beek en Donk 82 - Claude Vuillemot - Photo Sylvain Billon
Claude Vuillemot, Team Number One – Beek en Donk 1982 – Photo Sylvain Billon

Claude VUILLEMOT : Sylvain, je l’ai connu d’abord du côté obscur, quand j’étais chez « Number One ». J’étais jeune et à l’époque, je le considérais un peu comme « le chef ennemi » !
En 1984, quand j’ai intégré le team Motobécane, j’ai appris à le connaitre et j’ai tout de suite compris qui il était. Un homme passionné, motivé par son job de manager d’un team d’une grande marque. Quelqu’un d’irréprochable, de professionnel. Il apportait au BMX un plus de par l’approche qu’il pouvait avoir du cyclisme au sens large. Il travaillait sur la communication, qui allait devenir de plus en plus importante avec le gros boum du BMX de 1985 à 1988.

Fort de France - Demo Mad Dogs avec Claude Vuillemot et Frd Cassan - 29 Dec 84
Claude Vuillemot et Fred Cassan – Fort de France – Décembre 1985

Soucieux de la réussite de ses pilotes, il m’avait procuré des conseils d’entraînement sous forme de planification inspirée de ce qui se faisait sur la route. Il avait mis en place des stages hivernaux comme à Noël 1985 où nous avions passé 15 jours à la Martinique. Souvenirs mémorables de notre virée avec le team au grand complet L’hiver 1986, nous nous étions retrouvés sous sa direction pour une semaine de ski de fond dans les Vosges en stage oxygénation et préparation foncière. Merci Sylvain pour m’avoir proposé ces activités, qui font désormais partie de mes meilleurs souvenirs.
Ce n’est pas tout, il était réceptif à nos demandes, à nos caprices devrais-je dire avec le recul. Quand le nouveau cadre MX400 était sorti, je lui avais demandé un proto sur mesure : et hop, c’est comme si c’était fait. Il était aux petits oignons pour nous. On voulait des tiges de selles plus longues : pas de souci. J’ai même eu un cadre brut sans peinture, que j’avais monté en camouflage.

Whistler 85 - Superclass - Vuillemot - Photo Sylvain Billon
Worlds Whistler 1985 – Claude Vuillemot (#36) – Photo Sylvain Billon

En août 1985, après le championnat du monde à Whistler, on avait monté un plan pour se rendre en Californie pendant 2 semaines.  On s’était débrouillé pour se faire héberger. On devait retrouver Jean Luc Ferré qui était sur place. Bref, on lui en parle pour savoir si il pouvait faire quelque chose au niveau du billet d’avion. Pas de problème nous avait-il répondu ! Encore une fois il s’était occupé du truc, sauf que là, on l’avait maudit. On pensait à un vol de Vancouver vers LA, puis un retour de LA à Paris. Et bien non, il nous avait réservé des tickets de bus. Et ce n’est pas tout, non seulement, on avait voyagé 33 heures pour nous y rendre, mais il avait fallu faire le même trip pour le retour !!! Sur le coup, on lui en avait voulu mais avec le recul, je me dis que ce périple avait été magique. Sans lui, je n’aurais jamais sillonné toute la côte ouest de telle sorte.
Merci Sylvain pour tout ce que tu as fait pour moi, pour le team MBK et pour le BMX au sens large.

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Jean-Luc FERRE : JLFÇa me fait plaisir de voir que Sylvain aimerait me voir à une réunion oldschool. J’ai essayé de participer à la première il y a quelques années à Cavaillon, mais mon emploi du temps ne me le permettait pas. Mes gamins rentrent à l’école aux USA à la mi-août, et c’est bien trop tôt pour des vacances prolongées. Je ne rentre en France que tous les 3 ans environs et généralement juste pour 15 jours vers la mi ou fin Juillet.
Un peu de contexte : j’ai rencontré Sylvain pour la 1ère fois au circuit de Vaux-Le-Pénil, qui était un des seuls clubs et circuits Bicross dans la (grande) région parisienne en 1982. J’ avais roulé en vélo et moto trial (vélo Yamaha à suspension) et après avoir lu un article sur le BMX aux USA dans le magazine Moto Verte, je voulais vraiment essayer le BMX…
Donc, je suis allé faire une course nationale à Vaux (avec un BMX Legnano) début-mi 1982, et me suis inscris ensuite au club, que Sylvain dirigeait. J’ai participé aux sélections du team Motobécane (dont il était aussi le team manager) sur la même piste un peu plus tard et ai terminé second dans ma catégorie, donc en pilote remplaçant. Le pilote que je remplaçais s’est ensuite désisté et j’ai terminé pilote en titre en 16 ans et + dans le team.

1982 - Pub MBK - Ferre - Photo Church
Pub MBK 1982

Tout ça pour dire que je dois mes débuts et pratiquement toute ma carrière de pilote sponsorisé à Sylvain et au team Motobécane (puis MBK). On s’est rendu tous ensemble en 1982 sur pas mal de courses nationales et notamment aux Championnats d’Europe en Hollande et Championnats du Monde à Dayton aux USA.

Jean-Luc Ferre 01 - Photo Sylvain Billon
Jean-Luc Ferré – Championnat d’Europe 1982 – Photo Sylvain Billon

J’ ai continué ensuite avec le team et Sylvain jusqu’à fin 1987 en catégorie Superclasse avec entre-temps un titre national en 17 ans et + (1985) et vice-Champion d’Europe 24’’ (1987). Donc pas mal de bons souvenirs et d’opportunités que je n’aurais pas eu sans Sylvain. J’avais aussi dirigé pendant quelques années tous les stages MBK au Rouret en Ardèche encore une fois grâce à Sylvain… On avait passé nos connaissances (à l’époque) à pas mal de pilotes…

JEAN-LUC FERRE bmxchampion
Jean-Luc Ferré BMX Champion – Christophe Boul Artwork

Sylvain avait d’ailleurs été engagé par Motobécane/MBK pour s’occuper du marketing BMX. J’y ai travaillé aussi de mon coté, au service Export en 1986, notamment sur les USA, où je vis maintenant. Donc coup de chapeau à Sylvain pour son engagement envers le BMX et le Team Motobécane dès leurs débuts en France et à toutes les opportunités que cela m’a donné.

Il faut aussi parler des pilotes de talent qu’ il a sponsorisé en course (Fréderic Cassan, Franck Chevreton, Claude Vuillemot, Gianni Lalli et David Kastler pour Mongoose) comme en Freestyle (Les Mad Dogs)… Un beau tableau de chasse pour un manager.
Pas facile de se remettre dans le bain plus de 30 ans après… Sympa en tout cas, surtout en revoyant les photos que Sylvain publie sur Facebook de temps en temps… Bonjour à Sylvain.

OSBMXF : On invite maintenant tous ceux qui ont connu Sylvain, les autres membres du team qu’on n’a pu contacter, mais tout le monde en fait, tous ceux qui ont des souvenirs ou anecdotes à nous raconter à poster dans les commentaires ci-dessous. Soit avec votre pseudo Facebook soit en vous inscrivant sur le site. Merci d’avance, Sylvain en serait ravi je crois. Lui vous fait cadeau de ses archives, plus de 100 photos dans la galerie ci-dessous…

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2016 – Sylvain Billon Interview Part 3/4

On continue cette découverte de cette passionnante saga MBK au travers de Sylvain Billon.

OSBMXF : Qui était responsable du design des tenues, des cadres, modèles, géométries et autres ? Les pilotes étaient-ils impliqués ? Pour le free José Delgado m’a raconté pour le proto. Avant ils roulaient sur des vélos américains maquillés…

Concernant le design des tenues je m’en suis chargé qu’à partir des dernières tenues bleu/blanc/rouge, ainsi que les fluos rose/vert/noir. Je les avais dessinées et conçu avec la collaboration des équipementiers. Ensuite, il me fallait passer par le directeur marketing qui approuvait ou pas mon choix… Mais en principe il suivait mes idées sur ces points-là. Pour les premières tenues c’était bien souvent des fournisseurs qui venaient présenter des prototypes au directeur des achats qui lui-même venait les proposer au directeur marketing. D’autre part, c’est moi qui avait créé le logo « Racers Concept ». Pour les cadres c’est une autre histoire. Tout se décidait à l’usine de Saint Quentin au service des vélos spéciaux. Ce n’était pas simple d’obtenir ce que nous désirions, il y avait une sorte de rivalité entre le commercial/marketing qui se trouvait à Pantin et les « gens » de Saint Quentin. Pendant la période où nous avions Jean-Michel Basset comme directeur général les choses étaient plus faciles puisque ce que nous demandions, nous l’obtenions. Après son départ ce fut plus compliqué. Pour créer le MX400 et ensuite le MX500 les pilotes et moi-même avions apportés des idées au niveau de la forme et de la géométrie. Pendant une période Jean-François Lalli, Stéphane Collet et Edouard Cordier avaient été embauché à l’usine de Saint Quentin et pouvaient apporter quelques conseils au bureau d’études et tester des prototypes.

Un protoype MBK des Mad Dogs et la fameuse tenue fluo. Photo O. Weidemann - Béton Hurlant 2012 - Musée du Sport de Paris
Un prototype freestyle MBK des Mad Dogs, la fameuse tenue MBK fluo et José Delgado en arrière plan – Expo Béton Hurlant 2012 – Photo O. Weidemann

Par ailleurs, notre bureau d’études possédait grand nombre de BMX de marques étrangères pour étudier les modèles et éventuellement s’en inspirer. Il est vrai que les Mad Dogs ont eu quelques semaines des cadres BMX qui n’avaient pas été fabriqué chez nous, le temps de remédier aux différents problèmes de tenues que nous rencontrions avec les protos réalisés au service des vélos spéciaux. Mais cela n’a pas duré longtemps.

En tant que chef de produit bicross, c’est moi qui proposais l’équipement des MX400 et MX500, sachant qu’il nous fallait rester dans un prix de vente inférieur au BMX de marques américaines fabriqués en Chine ! Autre chose… Est-ce que José t’a raconté le tournage du film publicitaire pour la pub TV des « Whites et des Chromes ». Nous avions passé trois jours en bord de mer en Normandie et en studio en région parisienne. Je ne me souviens plus trop des garçons qui participaient à ce film, mais José devrait s’en souvenir…

OSBMXF : Et ce fameux Crazy Bike ? Une idée à toi ?
SB: Le Crazy Bike était une idée commune de moi-même et de Jean Bidalot, l’ingénieur MBK qui s’occupait des cyclomoteurs et qui avait conçu la 51 de compétition. Jean et moi étions un peu à part chez MBK, jamais à court d’idées. Il a fini par quitter MBK pour monter sa propre marque d’ailleurs.

Le Crazy Bike d’Olivier Varma (Florent Ferrari (filmaker & post prod) / Olivier Varma (concept, art director & bus passenger) / Julien Pipier (rider)

OSBMXF : T’es-tu occupé d’autres teams ou seulement MBK ? Aviez-vous des co-sponsors ? Qu’as-tu fait une fois que cette aventure s’est terminée ?
BXM02 - Oct 82 - Pub Buffalo SylvainSB: En 81, j’avais équipé des jeunes de Vaux le pénil en tenues « Buffalo »qui était une marque de bicross que j’équipais à la demande du client sur une base de cadre Tange que je faisais émailler par un artisan dans des couleurs dégradées et métallisées. Dès l’instant où j’ai pris contact avec Motobécane en septembre 81, je suis resté fidèle à la marque. Nous avons eu les jeans Loïs comme co-sponsor en 82 pour le Trophée Motobécane/Loïs. Ensuite pas d’autre partenaire.
BXM02 - Octobre 1982 - Trophee Motobecane
L’aventure bicross s’est terminée pour moi en 87. Nous pensions déjà au « Mountain Bike ». A cette époque MBK allait subir un deuxième plan social et Yamaha qui avait déjà des parts dans le groupe est devenu actionnaire majoritaire et a proposé un plan de licenciement à tous niveaux et services. Au service marketing nous étions 6 personnes, le directeur, un chef de produit cyclo/scooter, une chef de produit bicyclettes, deux secrétaires et moi chef de produit vélo-tout terrain. BXM14 - Nov 83 - Pub Stage Le RouretIl fallait une personne de moins dans ce service et ce fut moi qui a été désigné par mon directeur marketing pour faire partie de la charrette. Il faut dire qu’après Bercy 84 mon directeur général Jean-Michel Basset « m’avait à la bonne », son fils de 13 ans faisait du BMX et participait à mes stages du Rouret !  Cela a fait des jaloux, et lorsque monsieur Basset a quitté MBK en 86 , remplacé par un nouveau directeur, certains s’en sont donnés à cœur joie pour me descendre , dont mon chef de service. Cela doit être souvent comme çà dans les grands groupes.

Toutefois la nouvelle de mon licenciement n’est pas passée inaperçue dans le réseau de concessionnaires. Le président de l’association des concessionnaires MBK a écrit à la nouvelle direction du groupe pour demander ma réintégration dans l’entreprise. J’ai personnellement reçu beaucoup de messages de soutien de la part des concessionnaires. J’avais contribué au rajeunissement de la marque Motobécane et ils m’en étaient reconnaissants. Ils ne comprenaient pas pourquoi j’étais licencié.

Peu de temps après celui-là même que je soupçonnais avoir provoqué mon licenciement me convoquait afin de me faire une proposition. Mon licenciement ayant été accepté par l’inspection du travail, ils ne pouvaient plus me réintégrer dans l’effectif de la société, aussi m’ont-ils proposé un poste de consultant extérieur. Ils m’ont dit : «  voilà vous nous coûtiez à l’année, en salaire, charges et frais de déplacements la somme de tant, nous vous proposons le même montant augmenté de 10% avec un contrat de deux ans renouvelable et avec pour objectifs de prendre en charge le développement du VTT au sein de réseau MBK et de monter un team VTT capable des mêmes résultats obtenus en BMX ». De plus nous mettons à votre disposition un bureau avec une ligne téléphonique. Ils me laissaient par ailleurs la possibilité de monter des opérations promotionnelles, évènementielles, ou sportives à titre personnel sans que pour autant cela fasse concurrence à MBK. C’est à ce moment-là que j’ai créé la société STARBIKE.
Je suis donc devenu directeur sportif du premier team MBK de VTT et je suis allé chercher les meilleurs cyclocrossmen français de l’époque pour constituer une équipe d’une dizaine de coureurs. GammeMBK1987 Je ne donnerais pas de nom car je pense que très peu de membres de la BMX Old School ont connu ces garçons. Nous avons tout remporté. Championnat de France, Roc d’Azur, les plus grandes courses européennes et championnat du Monde.  J’ai dirigé le team MBK VTT pendant 3 ans. Ensuite la direction marketing du groupe a confié ce poste à un ancien coureur cycliste professionnel qui avait toujours couru sous les couleurs Motobécane/MBK, Alain Bondu. Il ne restera qu’une saison à la tête de l’équipe.

De mon côté, avec ma société Star Bike je me suis lancé dans des actions de promotions publicitaires pour lesquelles je fournissais des BMX, VTT ou patinettes. J’ai ainsi vendu pour Coca-cola 500 patinettes, pour le beurre Président 3000 BMX. Pour MBK j’ai créé et dessiné un modèle de sac à dos que j’ai fait fabriquer à Taïwan. Ce sac à dos MBK m’en a acheté 52000 pour offrir à tout acheteur d’un vélo au Noël 88 ! Ce sac à dos avait été décliné en 2 couleurs, blanc et vert olive avec des petits personnages en BMX et VTT que j’avais moi-même crée. Beaucoup doivent se souvenir de ces sacs. J’en possède encore quelques dizaines dans mon sous-sol.
En 87 j’ai également crée l’association Française de Patinette et Roller-Scoot ! Je croyais très fort à ce produit que MBK avait décidé de ne pas promouvoir après une apparition lBXM51-Decembre1986-PubFunscootors du Bicross de Bercy 86. J’ai organisé des animations à « droite et à gauche » pour des municipalités ou des concessionnaires. Je mettais à disposition des jeunes un parc de 15 patinettes, ayant préalablement réalisé un parcours balisé par des bottes de paille MBK .
« Mais les pionniers ont toujours tort… d’avoir raison trop tôt ». Vingt après on a vu que la patinette était revenue à la mode avec un marché très florissant .
Par ailleurs, j’employais les Mad Dogs et des skaters (dont Pierre André Sénizergue et José De Matos) pour des animations ponctuelles pour des salons et expositions.

A partir de 1987 j’ai commencé à organiser des épreuves de VTT. Les plus connues ayant été les « 24 heures du Rouret » , une épreuve d’endurance par équipe de trois en Ardèche, le « Rallye de la Vallée des Roys », une épreuve touristico/sportive sur deux jours  à Amboise, la « Corsica Bike » un raid extrême en orientation de cinq jours au travers de la Corse. C’était l’incontournable rendez-vous de l’extrême, celui des bikers passionnés, qui faisait vibrer les corps et rêver les esprits. Il y a eu également le « Rallye des 30 Dynasties » un raid avec road-book de 15 jours en Egypte. De 1988 à 1992 j’ai collaboré à l’organisation du Rallye auto/moto des Pharaons. Je m’occupais des relations extérieures, et prenais en charge les invités sur le rallye.

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Sylvain et son maillot Motobécane à la soirée Béton Hurlant – Avril 2012 – Photo C. Van Hanja

Après la guerre du Golfe j’ai rencontré des difficultés financières par manque de sponsors et en 93 j’ai dû déposer le bilan de ma société. (J’ai continué sous forme d’association à organiser la Corsica Bike jusqu’en 98). Après la cessation de mon activité commerciale, j’aurais certainement  pu trouver un job dans le milieu du cycle mais je n’ai pas vraiment cherché, j’étais quelque peu désabusé, j’avais investi et perdu beaucoup d’argent personnel et mon épouse ne voulait plus entendre parler de vélo ! Il faut dire que pendant plus de 10 ans elle ne me voyait pas beaucoup à la maison et je n’ai pas vu grandir mes enfants. C’est alors qu’un ancien collègue avec qui j’avais travaillé 13 ans auparavant dans une entreprise de constructions métalliques a pris connaissance de mes problèmes et m’a fait savoir que son entreprise recherchait un dessinateur Projeteur-Métreur et que si j’étais intéressé le poste était pour moi. J’ai donc accepté et repris 13 ans après mon premier métier. Je suis resté dans cette entreprise jusqu’à ma retraite en juillet 2014. Après la dernière édition de la Corsica Bike en Août 98 j’ai coupé tout contact avec le milieu du cycle en général. Ce n’est qu’en 2012 que j’ai découvert le site OSBMXF et retrouvé des amis de « l’époque ».

OSBMXF : Le BMX aux JO. Qu’en penses-tu ? Il n’y a que la race pour le moment, mais c’est toujours bien d’avoir du BMX au JO ?
SB: Le BMX aux J.O. j’ai pu suivre les épreuves de Londres 2012. Il est normal qu’il fasse partie des disciplines inscrites aux Jeux. Pour le freestyle pourquoi pas si l’on trouve des juges compétents pour noter les riders, ainsi qu’un règlement qui satisfasse tout le monde.

OSBMXF : Suis-tu encore l’activité du BMX ? Si oui, des riders en particulier ?
SB: Je suis l’activité du BMX par le biais du site OSBMXF uniquement. Mes 3 petits fils sont encore trop jeunes pour pratiquer et je ne sais pas s’ils s’y intéresseront un jour. J’ai encore dans mon garage 4 BMX dont un GT de 83, 2 Buffalo de 82 et un mini MBK qui est un prototype réalisé en 84 par le service des vélos spéciaux MBK à Saint Quentin. Ce BMX était destiné à mon fils qui avait 5 ans à l’époque.

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Soirée Béton Hurlant – Avril 2012 – Photo C. Van Hanja

OSBMXF : Que penses-tu de nos petits rassemblements oldschool comme en organisent pas mal de gens actuellement. On a été ravi de déjà t’y voir, avec ton super blouson MBK Team Manager (Il est top, garde le précieusement). Toujours partant ? Que ressens-tu quand tu revois tous ces pilotes dont tu t’occupais ?
SB: Ces rassemblements « oldschool » sont très bien, mais il ne faut pas qu’il y en ait plus d’un par an, et il me semble avoir constaté qu’effectivement il y en a plusieurs d’organisés dans l’année. Personnellement je pense qu’il vaudrait mieux en organiser un tous les deux ans afin d’en faire un évènement tel que celui de Cavaillon ( encore félicitations à Christophe Vico pour cette organisation).

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Oldschool Cavaillon 2013 – Photo Fabrice Passarelli

Il faut que nous ayons plaisir à nous retrouver pour évoquer le passé et notre présent, mais si c’est pour se revoir tous les quatre matins il n’y a plus d’intérêt. Seb et toi devriez trancher en choisissant le lieu et la date de cette rencontre et ne pas permettre une manifestation qui ne rassemblerait pas un minimum de personnes vraiment issues de la Old School. J’espère que tu as compris ce que je voulais dire.
(NDLR: Oui Sylvain, mais chacun est libre d’organiser ce qu’il veut, on a le monopole de rien du tout et on encourage toutes les initiatives, mais trop de OS tue le OS, ça c’est sûr)
Quant au fait de retrouver mes anciens pilotes, et mêmes les autres, cela me fait un énorme plaisir et naturellement me rappelle les bons moments passés ensemble. Je suis heureux de constater que la plus part d’entre eux ont réussi dans leur vie professionnelle. Je les revois alors qu’ils n’avaient que 14 ou 16 ans.

Ed Cordier / Claude Vuillemot - Cavaillon 2013 - Photo Jean-Paul_Jamet
Ed Cordier / Claude Vuillemot – Cavaillon 2013 – Photo Jean-Paul Jamet

J’ai du mal à admettre que plus de 30 années sont passées par là et que finalement moi aussi j’ai vieilli.

Je suis heureux de voir que mon ami Edouard est resté celui qu’il était à l’époque…toujours aussi apprécié de la communauté BMX. Heureux également de constater que Claude reste sportivement, le meilleur d’entre eux.

Pour une prochaine rencontre il faudrait faire en sorte que Jean-Luc (Ferré) fasse le déplacement. Cela nous ferait autant plaisir, si ce n’est plus, que d’avoir une ancienne gloire US . A méditer !

—— A suivre ici : http://oldschoolbmxfrance.com/2016/04/04/2016-sylvain-billon-interview-part-44/ ——

2016 – Sylvain Billon Interview Part 2/4

Comme promis, on continue avec l’interview de Sylvain Billon et c’est du bon…

OSBMXF : Quels pays as-tu visité grâce à ton statut de team manager ? Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
SB : Comme Team Manager accompagné des pilotes nous avons fait les pays du Bénélux, la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Suisse, les USA (Dayton, Orlando, New-York, Miami), le Canada (Montréal, Vancouver, Whistler), le Japon (Tokyo, Nagoya, Suzuka), la Martinique.
Comme chef de produit j’ai fait tous les grands salons internationaux du cycle et visité les plus grands fabricants de BMX (A PRO, Alun, CBC…). Je suis allé plusieurs fois aux salons de Tokyo, Taipei, Hong-Kong et Milan.
Mon meilleur souvenir c’est d’avoir pu à l’époque, visiter les usines des grands fabricants taïwanais et chinois.

1984 - Sylvain Billon - TF1 - JT Yves Mourousi
Capture extraite d’un reportage du JT de TF1 (1984) >> un petit « clic » sur l’image pour le voir…

Sur le plan sportif chacune des victoires de mes pilotes est un bon souvenir et plus particulièrement les titres de Champion du Monde 86 de Franck Chevreton et Jean Lengrand . Le titre de champion d’Europe de Jean-Luc Ferré en 82, ainsi que les victoires de Claude au Supertour Bicross 86 et son titre de Champion du Monde 87 à Orlando

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Jean Lengrand et Franck Chevreton Champions du Monde – Presse locale Cholet 1986
Jean-Luc Ferre 02 - Photo Sylvain Billon
Jean-Luc Ferre Champion d’Europe 1982 – Photo Sylvain Billon
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Claude Vuillemot – Worlds Orlando 1987 – BXM 61

Je n’oublierai surtout pas les bons moments passés avec les parents Kastler, Cassan, Lalli…le midi ou le soir à l’heure de l’apéritif au camping lorsque les entrainements étaient terminés.

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Stand MBK Salon du Cycle 1985 – BXM 38

Un autre bon souvenir : C’était les animations freestyle que nous avions fait sur le stand MBK des salons du cycle 1985 et 86. Nous avions 4 démos chaque jour et à chaque fois il y avait un public dingue au pourtour du stand MBK. Cela avait été une bonne opération marketing.

Encore un souvenir. En septembre 82 Motobécane avait invité à Paris , pour une projection privée et en avant première, l’ensemble des membres du Team avec leurs parents. Le film en question étant « E.T. » en version originale sous titrée.

1984 - Bercy - Stickers Cobranding MBK - Reseau MotobecaneMalgré tous les bons souvenirs ci-dessus il y en a un qui est encore meilleur et c’est le 1er Bicross de Bercy en 84. Comme représentant de la société Motobécane j’ai participé activement à cette organisation au côté des Editions Larivière (Bicross Mag). Depuis le projet initial, les négociations financières du partenariat, la campagne de publicité, la promotion de l’évènement au sein du réseau Motobécane et de la force de vente ainsi que de l’ensemble du personnel de la société.
Le directeur général de Motobécane Monsieur Jean-Michel BASSET a été à fond derrière ce projet et nous avions pour consigne d’en faire un évènement « MBK ».

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Promo MBK en direct sur TF1 – Bercy 1984 – Photo Marc Le Noir

On devait voir du MBK partout le jour de l’épreuve. Avant la manifestation, avec notre attachée de presse Françoise Holtz (à l’époque la femme de Gérard) nous avions rencontré le responsable des sports de TF1 afin de faire en sorte que MBK soit le plus souvent possible à l’image durant la retransmission en direct de l’épreuve. Cela nous a coûté un beau scooter !!!

1984 - Bercy1 - MBK Branding - Photo Marc Le Noir 02
Promo MBK en direct sur TF1 – Bercy 1984 – Photo Marc Le Noir

Le Bicross de Bercy 84 a été la transition entre Motobécane et MBK. Du jour au lendemain nous étions devenus MBK. Il y avait du MBK partout à l’écran. Les bottes de paille, les grandes portes dans chaque angle du Palais omnisports, des banderoles, les banks.

BXM 28 - Janvier 1985 - MBK Branding
MBK Branding – Bercy 1984

De plus j’avais organisé une distribution pour l’ensemble du public de sacs plastiques MBK avec dedans des prospectus de la nouvelle gamme de BMX MBK, des stylos, une crécelle, sifflet, stickers, des chewing-gums…
Cela a été une consécration pour MBK et pour moi. J’avais été convoqué le lendemain par le Président du directoire MBK qui m’a félicité pour cette organisation. J’ai reçu des messages de tous les concessionnaires MBK. C’est vraiment mon meilleur souvenir !

OSBMXF : Tu as eu des grands noms dans ton team, peux-tu nous en citer quelques-uns ? Et surtout, en as-tu des bonnes à nous raconter sur ces pilotes que tout le monde admirait ? Tu peux balancer, depuis le temps, il y a prescription et on adore les anecdo_0012_12tes croustillantes !
SB: Je pense que pendant la période MBK Bicross 82/87 j’ai pu avoir dans mes teams MBK/MONGOOSE les meilleurs pilotes de l’époque dans quasiment toutes les catégories d’âges.
Chez les plus jeunes j’avais Benoist et Laurent Villet, Julien Lalli, Eddy Rimasson, puis Fred Cassan, Manuel Prospero, Franck Roman, Franck Chevreton, Denis Labigang, David Kastler, Philippe Leleu, Christophe Berthiaux, Luc Khoeler, Jean-François Lalli, Claude Vuillemot, Jean-Luc Ferré, Jean-Lengrand, Jean-Claude Walliko et notre cher Edouard Cordier.

Chez les demoiselles nous avions trois représentantes : Erika Legrand , Delphine Breillat et Nathalie Vendresco (du club de Mours dirigé par la famille Vicat) sous les couleurs MBK.

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Xavier Redois avec un logo MBK – Trophée Motobécane Vern-sur-Seiche 1982

Pour l’anecdote je n’ai jamais démarché Xavier Redois pour qu’il intègre mon team. En 82 Xavier était sous les couleurs GITANE. Son père travaillant à leur usine de Machecoul il lui était impossible de porter d’autres couleurs. Mais par la suite Gitane ne faisant pas d’effort pour promouvoir le bicross Xavier pourra voir ailleurs.

BXM41-Fev86
Xavier Vuillemot et Claude Redois – BXM 41

Avant qu’il signe pour GT, Pierre Bormans, gros concessionnaire MBK de Nantes et importateur GT, m’avait fait part de son intention de créer un team et m’avais demandé mon avis sur quels pilotes choisir. Je lui avais donné 3 noms : Xavier Redois, Christophe Delarche (Beaune) et Christophe Vico qui aurait pu être dans le team MBK/MONGOOSE

BXM 43 - Avril 1986 - Vuillemot Vico Redois
Vico / Vuillemot / Redois – BXM 43 – Avril 1986

Les trois ont été choisi par monsieur Bormans, Xavier ayant un statut privilégié. Bau de la Ferté Gaucher (77) les rejoindra dans le team. Richard Simon, (également  concessionnaire MBK de La Ferté Gaucher, le père de Laurence Ballard) jouant le rôle de manager sur certaines courses.

Franck Roman 01 - Photo Sylvain Billon
Franck Roman – Photo Sylvain Billon

Pour ce qui concerne des anecdotes relatives à mes pilotes  il y en a tout de suite une qui me vient à l’esprit. Elle concerne Franck Roman. Nous avions une compétition en Belgique et pour une raison dont je n’ai plus souvenir il n’avait pas pu partir en voiture avec les pilotes de son club de Cavaillon ou ceux d’Apt.
Au dernier moment c’est son père qui l’amena en Belgique avec sa moto, le bicross MBK accroché dans le dos de Franck, y compris toile de tente et duvets !!!

BXM 12 - Birmingham - Vuillemot Colley
BXM 12 – Vuillemot & Collet – Birmingham 1983

Une autre anecdote qui s’est passée en Birmingham en 83, lors de la manche du championnat d’Europe. Tous les français nous y étions allés avec les bus couchettes de « Love 94 » qui s’occupait de tous les déplacements à l’étranger de l’AFB. Nous nous sommes retrouvés sur un terrain de camping où certains avaient planté leur toile de tente et d’autres dormaient dans les bus. Toutefois nous nous sommes aperçus au petit matin que certains étaient rentrés par effraction dans des caravanes qui restaient à demeure sur le camping. Il me semble qu’il y avait Claude Vuillemot, Franck Roman et Stéphane Collet entre autres !

BXM57 - Juin 1987 - Franck Roman en jean
Franck Roman, le racer en jean – BXM 57

Mise à part ces deux anecdotes je n’en vois pas d’autre. En ma présence les garçons étaient sérieux et respectueux de la marque. Ils avaient toujours des tenues impeccables, sauf peut-être Franck Roman qui avait pris l’habitude de temps en temps de courir en jeans.
C’est peut-être à eux qu’il convient de demander des anecdotes, car le soir après les qualifications du samedi je n’étais pas toujours là pour les surveiller.

OSBMXF : Gérer les racers et les freestylers était-il différent ? A l’époque, le bicross était une grande famille, pas comme maintenant où les deux milieux sont quand même assez séparés.
SB: Lorsque Adolphe, José et Michel ont incorporé le team cela n’a causé aucun problème. Ils ont été accepté  immédiatement par le reste de l’équipe. Comment des garçons comme eux n’auraient-ils pas pu s’intégrer aux autres ?  Et pourquoi les autres n’auraient pas accepté des gars comme eux ?

A aucun moment il y a eu des crises de jalousie entre racers et freestylers MBK . Pour le Championnat  du Monde de Whistler au Canada j’avais même emmené les Mad Dogs qui après les compétitions étaient descendus en Californie en bus depuis Vancouver.

OSBMXF : Qui était responsable du design des tenues, des cadres, modèles, géométries et autres ? Les pilotes étaient-ils impliqués ?

…. A suivre ici : http://oldschoolbmxfrance.com/2016/03/28/2016-sylvain-billon-interview-part-34/……

2010 Pro Town: Greenville

En 2010, Mark Losey réalisait un très chouette documentaire sur l’incroyable scène BMX de Greenville en Caroline du Nord. Cette ville de l’est américain a longtemps été le berceau d’un bon nombre de riders pros : Dave Mirra (RIP), Colin Winklemann (RIP), Ryan Nyquist, Ryan Guettler, Colin Mackay, Rob Darden, Josh Harrington, Allan Cooke et bien d’autres…
Le docu remonte le temps en s’attardant sur l’arrivée de Dave Mirra dans la ville en 1995, pour se rapprocher de son frère Tim, puis fait un focus sur la disparition tragique de Colin Winklemann en 2005… Un documentaire qui prend une toute autre dimension quand on connait la triste suite des événements en 2016… A voir absolument !

2016 – MBK Story – Sylvain Billon Interview Part 1/4

Cela faisait longtemps qu’on avait pas fait d’interview. On eu des racers, un freestyler, une dame et maintenant, un team manager ! Pas toujours au devant de la scène, mais élément indispensable d’une équipe, Sylvain Billon s’occupait du team MBK, race et freestyle. C’est dire si il doit en avoir à nous raconter, lui qui s’est occupé des plus grands bicrosseurs français de notre époque.

OSBMXF : Hello Sylvain, merci de nous accorder un peu de ton temps. Alors que devient le manager emblématique du team MBK ?

SB : 65 ans en Mars prochain et en vacances éternelles depuis Août 2014. J’habite en sud Seine et Marne à Chartrettes près de Fontainebleau. J’ai terminé ma vie professionnelle comme je l’avais commencé dans le bâtiment, dans une entreprise de constructions métalliques où j’occupais un poste de Chargé d’Affaires. J’ai trois enfants, Virginie 43 ans ambulancière, Thibault 36 ans adjudant dans l’Armée de Terre et Camille 27 ans Ostéopathe.

Nous partageons mon épouse et moi notre temps entre notre maison de Chartrettes, l’Ardèche et le Maroc. J’aime le bricolage, la peinture et beaucoup la pétanque (entrainement et compétition). Lorsque les beaux reviennent je sors les motos, l’une de mes passions. Je suis Harley depuis 1974. Actuellement je possède une Electra Glide Ultra Classic de 2002 et un Sportser 883 de 2007.

Enfin pour en terminer avec ce que je deviens, j’ai appris en Juin dernier que j’avais un cancer du sang… Je suis suivi, ça devrait se guérir, mais ce sera à surveiller de manière régulière.

OSBMXF : Peux-tu nous dire quand et de quelle façon tu as eu cette place de team manager ? Quelle a été la genèse de cette histoire ?

SB : Cela remonte à 1980. A l’époque j’habite Ajaccio où je suis dessinateur projeteur dans une entreprise de menuiserie bois et alu. Je pratique la compétition vélo et m’intéresse toujours à la moto. Si je me suis bien intégré et accepté parmi les Corses, mon épouse a eu beaucoup plus de mal, si bien que nous envisagions notre retour sur le continent. Mais il n’était pas question pour moi de retravailler dans le bâtiment. Si je revenais cela serait pour ouvrir un magasin de cycles…mais pas que ! En effet je lisais régulièrement la revue Moto Verte et dans un numéro de septembre 1980 il y avait un reportage sur le BMX aux Etats Unis, et dans l’article il était également question d’un type de Beaune (René Nicolas) qui venait de créer un club de bicross et invitait toutes les personnes intéressées par le BMX à le contacter. Ce que j’ai fait immédiatement car j’ai tout de suite pensé que c’était du BMX qu’il me fallait vendre dans mon futur magasin.

1982 - Rene Nicolas sur un MX15
1982 – René Nicolas sur un MX15
1980 - Batavus De Luxe - Photo wejowe (BMXMuseum)
1980 – Batavus De Luxe – Photo wejowe (BMXMuseum)

Nous sommes revenus sur le continent en Décembre 1980, dans ma région de naissance à Vaux le Pénil, où j’ai acheté un local brut de décoffrage dans un petit centre commercial. Le temps que les travaux se fassent j’ai travaillé 5 mois en intérim comme projeteur dans une entreprise de constructions métalliques à Melun. J’y ai rencontré deux collègues que j’allais embringuer dans mon projet de création de club bicross. Parmi ces copains il y avait Jean-Daniel DAVIOT qui a été l’un des tous premiers speakers de l’AFB. Le club a été fondé durant le premier semestre 81 sous le nom de Bicross Club d’Ile de France. J’en ai été le premier président. Quant à mon magasin il a été ouvert le 11 Mai 1981 avec en vitrine des bicross Batavus (un rouge et jaune en premier prix et le « haut de gamme » or et jaune) , mais également des bicross Motobécane (MX10, MX15 et MX 25 dont j’avais démonté les dérailleurs de ces deux derniers).

1980 - Motobecane Catalogue
1980 – Catalogue Motobécane
Worlds Dayton 82 - JL Ferre, Yannick Pucel, Sylvain Billon, Yann Catel, David Lebrun
Worlds Dayton 1982 – Jean-Luc Ferré, Yannick Pucel, Sylvain Billon, Yann Catel, David Lebrun

Tous les gamins du village venaient voir ces « drôles » de vélos. Une compétition était annoncée à Beaune en cette année 81 et j’avais bien l’intention d’y emmener des gamins du village. Aussi ai-je mis à leur disposition deux bicross Batavus et deux MX10 afin d’y participer. Il y avait Yannick Pucel, David Lebrun, Yann Catel et Robert Chalat. Tous quatre feront partis du premier team Motobécane 82 . A notre retour de Beaune tous ont fini par acheter des BMX. Dans les mois qui ont suivi le magasin ne désemplissait pas de gamins.

Le club était né et le nombre de licenciés augmentait tous les jours.

BXM09 - Mai 1985
BXM 09 – Mai 1985

Nous n’avions pas encore de piste et nous nous entrainions dans une carrière et en forêt de Fontainebleau. La commune a fini par nous allouer un terrain mais il nous a fallu nous débrouiller pour aménager une piste. Il nous fallait des engins de terrassement et beaucoup de terre. Pour ce faire j’avais téléphoné un soir à Max Meynier de RTL pendant son émission « les routiers sont sympa ». A l’antenne il m’a permis de présenter notre projet de construction de piste, de recherche de matériaux et d’engins de travaux publics, mais également de pouvoir parler de ce nouveau sport venu des Etas-Unis : le Bicross, et naturellement de parler de notre club, le seul en Ile de France !

Les jours qui ont suivi, non seulement nous avons obtenu les matériaux et les engins avec le personnel qui va avec, mais aussi de nombreux nouveaux licenciés au club. Fin 81 nous devions être entre 100 et 120 licenciés. Dont Jean-Luc Ferré, les frères Eric et Thierry Minozi, Gilles Lebihan…

Je vendais beaucoup de bicross Motobécane que j’étais obligé d’acheter chez le concessionnaire de Melun, car personnellement j’étais considéré comme agent (je ne vendais pas d’autres produits Motobécane en dehors des bicross) de la marque et ne pouvait pas les obtenir directement de Pantin. Ma marge était moindre puisqu’une commission était reversée au concessionnaire. En trois mois j’avais dû vendre une centaine de bicross dont plusieurs MX25.

MotoVerte95-Mars1982
Moto Verte 95 – Mars 1982
BXM00 - Mai 1982 - TropheeMotobecane
BXM 00 – Mai 1982 – Trophée Motobécane
BXM01 - Juillet 1982 - Claude Vuillemot (2) à Vaux
BXM 01 – Juillet 1982 – Claude Vuillemot (#2 – Team Number One) à Vaux-le-Penil
BXM 04 - Decembre 1982 - Finale Vaux-le-Penil
BXM 04 – Décembre 1982 – Finale Vaux-le-Penil

Au début j’étais le seul en France qui arrivait à en vendre (des MX25). J’ai donc contacté directement la direction commerciale de Motobécane à l’été 81 pour négocier la possibilité de ne plus passer par le concessionnaire local. J’ai obtenu gain de cause et même plus. Ils étaient vivement intéressés par mon action en faveur de la promotion de bicross en région parisienne. Ils se sont déplacés à Vaux le Pénil pour voir la piste, l’environnement, les jeunes du club et mon magasin. Quelques jours après ils me faisaient part de leur projet en faveur du BMX pour l’année 82  . Dans un premier temps constituer un team sur les bases du club de Vaux le Pénil et de créer un Trophée national sur dix épreuves réparties sur toutes la France . La première devant se dérouler le 25 Avril à Vaux le Pénil, tout comme la finale prévue le 24 Octobre. Il fallait avoir participé à au moins 3 épreuves de ce trophée pour pouvoir être classé dans sa catégorie d’âge. A l’issue de la finale les premiers de chaque catégorie devaient intégrer le team Motobécane. Et naturellement la direction Motobécane m’a demandé si je voulais bien diriger ce team.

Beeck en Donk 82 - Team Motobecane - Photo Sylvain Billon
Beeck en Donk 1982 – Team Motobécane – Photo Sylvain Billon

Au départ ils m’ont fourni un minibus pour aller sur les courses avec les membres du team qui habitaient Vaux le Pénil et mes frais de déplacement étaient pris en charge. Mais moi ce qui m’intéressait le plus était d’intégrer la société en tant que salarié à plein temps. Mon souhait était d’obtenir une formation marketing que je n’avais pas et de devenir chef de produit. Motobécane m’a donné son accord et j’ai été embauché comme responsable de la promotion Bicross et vélo tout terrain. J’ai suivi des cours à l’Ecole Supérieure de Science Economique et Commerciale de Paris, à l’issue desquels de suis passé Chef de produit Bicross et Vélo Tout Terrain, tout en conservant le rôle de manager des teams Motobécane/Mongoose.

OSBMXF : Quels pays as-tu visité grâce à ton statut de team manager ? Quels sont tes meilleurs souvenirs ?

…. A suivre ici : http://oldschoolbmxfrance.com/2016/03/21/2016-sylvain-billon-interview-part-24/……

Dave Mirra / 1974-2016

Jeudi 4 Février 2016, Dave Mirra nous a quitté brutalement… Le monde du bmx a bien du mal à réaliser, le choc est violent, tristesse et incompréhension se bousculent et les témoignages émouvants se multiplient sur la toile.
En voici quelques-uns, de notre famille oldschool, pour ne pas oublier, illustrés de quelques documents, photos et vidéos des rares passages du « Miracle Boy » en France…

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Pépé | California Style represent

« JOURNEE DE MER……
Notre grande famille du BMX est en deuil.
Après la disparition il y a quelques mois du « Godfather of BMX » Scot Breithaupt, aujourd’hui c’est une légende de notre sport qui nous a quitté.
J’ai découvert ce kid Dave Mirra alors qu’il n’avait que 14 ans dans une cassette VHS AFA (American Freestyle Association) qu’on commandait par fax via la presse US dans les années 80. Et puis le kid de Caroline du Nord est devenu grand, très grand.

Dave / Amélia Somsois / Mat Hoffman
Dave, Amélia Somsois, Mat Hoffman / Worlds Limoges 1993

En 1993, on m’annonce que Mirra sera présent avec Mat Hoffman et Chase Gouin aux Worlds en France, à Limoges, quelle surprise, ma ville ! Mirra n’avait que 19 ans, il allait très haut sur son Big Daddy. Au practice, au retour d’un air à plus de 14 pieds, il raccroche le coping et casse sa Peregrine. C’est le père Peyrichoux (mon grand-père) qui lui réparera sa roue en un temps record.

Kiki Bioules / Dave / Gérard Garcia
Kiki Bioules, Dave, Gérard Garcia / Worlds Limoges 1993

J’ai eu l’immense privilège ce jour-là d’être le speaker de la finale par équipe qui opposait le Team Hoffman Bikes au Team Starlight (mon pote Gérard Garcia, Kiki Bioules et Ollie Matthews). Je vois encore les images de cette finale quand j’entends la musique de Fugazi.

Puis il y a eu les années Haro pour Dave, il a tout gagné, multiples médailles d’or aux X-Games (nos J.O. à nous), la Nora Cup et son Haro plaqué or, etc, etc… puis sa marque Mirra Co et sa reconversion dans d’autres sports où il excellait également.

DaveMirra-Fise99-byVanHanja
Indian Air / Fise 1999 / by C. Van Hanja

Dave est revenu en France pour le Festival International des Sports Extrêmes à Palavas. Je me souviens lui avoir filé un sweat-shirt car il avait froid entre 2 runs.
Notre shop California Style avait eu le privilège d’être sollicité par Adidas France pour être distributeur des chaussures BMX « Dave Mirra Signature ».
Du coup je ne regarderai plus mes vieilles Adidas de la même manière sur leur étagère.
Aujourd’hui la planète média/sport parle de cette disparition jusqu’en France où le journal « L’Equipe » a partagé l’info, mais ces incompétents qui ne se sont jamais intéressés à notre sport ont trouvé le moyen de se tromper de photo d’illustration ! Heureusement la bienveillance de notre ami Daniel Mini a encore fait son job !
Voilà je suis triste, ce kid nous a fait rêver, il a repoussé les limites du BMX moderne. Pour nous aujourd’hui c’est un peu comme si les footeux avaient perdu Zidane, ou bien si Usain Bolt avait disparu en athlétisme.

Ride In Peace Mirracle Boy. »

Pépé évoque la finale par teams aux Worlds de Limoges en 1993, on a remis la main sur le run de dingue du Team Hoffman Bikes, des images signées Tone et Simon Stojko (Prodok Bmx TV) :

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Daniel Mini | Frame represent

« Samedi 6 février. Il est minuit et douze minutes. Poussé par mon copain Masto je commence à écrire ces mots. Bigre, le bougre sait être persuasif. Ça fait maintenant presque deux jours que le petit monde du bmx, vite suivi par la planète toute entière, a appris et relayé la nouvelle de la mort de Dave Mirra. Sale coup… Sensation étrange, légèrement perdu. Toute la journée de vendredi je me suis senti comme en plein dead saillor au dessus d’une des doubles de Grabels… Quand j’ai appris la nouvelle ce matin-là, sur le coup, j’ai pensé à un horrible fake. Je me suis dit « Pfff… C’est quoi c’te connerie encore? » Il faut dire que mon connard de téléphone venait de bipper pour me dire que la batterie était trop faible, à 5h15 du matin… Bien fait pour moi je n’avais qu’à l’éteindre…Ayant oublié de fermer Facebook, je tombe ébahi sur cette news… irréelle… Frénésie des doigts sur l’écran… Il faut se rendre à l’évidence… De sites en sites, de posts en posts la nouvelle devient… triste réalité… Je n’arrive pas à comprendre… Hein? Quoi? Mirra? LE Dave Mirra? Mon Dave Mirra à moi?!? Oui, MON Dave Mirra.

Nothing / Worlds Köln 1996 / by Olivier Weidemann

Ce gars faisait tellement partie de ma culture, ce gars m’était tellement devenu familier à force de le suivre par magazines et VHS interposés, il était tellement ancré dans mon inconscient depuis la fin des années 80, que bizarrement, j’ai réellement l’impression que c’est un de mes potes qui vient de commettre l’irréparable. Non je n’exagère pas, et je sais que je ne suis pas seul. Je sais que tous mes potes bmxers de ma génération ressentent un certain malaise en ce moment même, et ça me réconforte un peu. Dave Mirra, qu’on ait aimé ou pas sa période « X Games Athlète », et son côté « bigger than life » à l’américaine, c’était un pilier de la culture skate/bmx, et je sais, je suis certain que c’était quelqu’un de bien.

Dave en barspin sur le « gap des toilettes » imaginé par Daniel / Fise 1999 / by Kay Clauberg

Je l’ai croisé à deux reprises, et malgré la star qu’il était il ne se prenait pas au sérieux, ne prenait personne de haut. C’était un rider normal quoi, intensément passionné par le bmx, sauf que lui sur un bike il n’était plus du tout normal…C’était un monstre de talent et de volonté. J’ai conscience de n’avoir aucune légitimité pour écrire un tel texte, avant de l’attaquer je me disais « mais qui je suis moi? De quel droit moi Daniel Mini, vieux freestyler de 47 ans tout moisi je parle de Mirra sur internet? ». Oui mais fuck, fallait que ça sorte et à mon petit niveau je me devais de lui rendre hommage pour tous les moments magiques qu’il m a offert. Je sais bien que dans quelques jours tout le monde sera passé à autre chose. Mais pour moi, pour beaucoup d’entre nous, le souvenir de Dave Mirra flottera toujours à une dizaine de pieds au dessus de nous, tout comme ceux de Dave Vanderspeck, Neil Ruffel, Colin Winkelman, Philippe Perreira, tous partis de la même façon. Triste constat… Terrible constat. Je me dis que si vous avez un freestyler dans votre entourage, prenez-en soin.. malgré les apparences il est peut-être plus fragile qu’il n’y parait…
Thanks Dave, merci pour nous avoir autant fait rêver. »

Daniel fut à l’origine de l’aire de street du fameux FISE 1999 à Palavas, avec la venue exceptionnelle d’un charter de pros américains mené par Dave Mirra. Un événement incroyable pour l’époque ! Nous avons déniché et compilé les extraits de l’émission « Sports Evènements – Spécial FISE » (M6) consacrés à Dave :

Puis j’ai retrouvé un peu par hasard des rushes du FISE 1999 que m’avait confié à l’époque Hariss Bapikee. Un souvenir dingue ! J’ai monté rapidement les images consacrées à Dave, 11 minutes d’images brutes, sans musique, commentées en live par l’excellent Hariss en mode « fan de ». J’avoue que revoir tout ça a été très riche en émotion…

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Thomas Caillard | Clandé represent

« Parlons peu parlons franc. Je suis très sincèrement touché et même choqué d’apprendre le décès d un type que j’ai beaucoup admiré. La plupart des riders de ma génération ont tous voulu rider comme Dave Mirra, personne n’a réussi, il a toujours été au-dessus de nous tous et nous le savions bien. Par contre il a toujours été très humble et moi qui suis passionné par les paradoxes c’est un contraste que j’ai énormément apprécié chez lui. C’était une superstar et il était gentil.

Backflip / Limoges 1993
Backflip / Worlds Limoges 1993 / by 23Mag

Quand on a fait les Championnats du Monde à Limoges en 1993 les organisateurs ne parlaient pas anglais. Paradoxe. Bref pas grave ils m’ont demandé de gérer les américains, Dave Mirra était là, la première nuit on a dormi au foyer des jeunes travailleurs, endroit assez sordide. Je lui ai dit « écoutes je suis désolé c’est la France tu vois blablabla il m’a répondu t’inquiètes pas je ne suis pas venu ici pour ça, je suis là pour rider et représenter! » et il a rit. J’oublierais jamais. On a passé 2/3 soirées ensemble, on discutait, il était toujours au top, vraiment le type sympa. Je n’ai pas honte du tout de l’avouer, je l’admirais et j’aurais aimé rider comme lui, j’avais le même casque etc…. Je lui ai dit, il m’a répondu « ce que je fais c’est pas dur, c’est dans la tête, viens chez moi on ride tous les jours tu verras c’est facile. » J’ai pas pu.

Barspin tailwhip / King Of Concrete 1993 / by Armen Djerrahian
Barspin tailwhip / King Of Concrete Southsea 1993 / by Armen Djerrahian

Je l’ai revu a Southsea pour le King Of Concrete, j’ai fait un pauvre backflip sur une funbox improbable, il est venu me féliciter. Je tiens à ce que les gens sachent qu’il était comme ça. Je ne vais pas refaire l’historique de sa vie mais son attitude comparée à son statut de superstar c’était fantastique, même les riders new yorkais en ont parlé il était fantastique.

Le suicide est un choix qu il faut respecter. Je suis choqué parce que je n’aurais jamais imaginé qu’un tel type puisse en arriver là. Si on savait ce qu’il se passe dans la tête des gens…. Les vieux dictons sont vrais, la preuve, c’est toujours les meilleurs qui partent les premiers. Un jour avec lui à Limoges j’avais gagné oulala Champion du Monde de rien du tout, lui il avait une entorse à la cheville et des shows prévus à Los Angeles, du coup je lui ai dit « viens avec moi on va rigoler un peu », j ai dépensé 700 francs de Kriter, du champagne dégueulasse pas cher, on s’est fendu la gueule. Ça reste un bon souvenir.

Nike 6.0 BMX Open / Getty Images
Nike 6.0 BMX Open / Chicago 2009 / Getty Images

Comme beaucoup et je le dis fièrement, j’ai admiré Dave Mirra et j’aurais voulu rider comme lui, j’en étais pas capable. Personne. Je suis choqué par sa mort qui m’attriste beaucoup même si très franchement on était pas les meilleurs potes, il n’est jamais venu chez moi ni moi chez lui. Il a été une source d’inspiration pour pas mal de gens et au delà de ça, il m a fait rêver. Merci a la vie de m’avoir permis de le côtoyer. Je souhaite à ses proches, sa femme et ses filles en particulier, tout le courage nécessaire, ça va être surement très dur pour elles, je refuse d’écrire « rip dave mirra » comme tous les cons sur Facebook, moi j’écris « MERCI DAVE MIRRA » pour l’ensemble de ton œuvre et comme l’a dit Simon Tabron, puisses-tu avoir trouvé la paix. Je suis triste. »

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Mikaël Legrain | BMX Up represent

BMX Up #12 / ITV Dave Mirra / Juin 1998
BMX Up #12 / Interview Dave Mirra / Juin 1998

« A la fin des années 90, j’ai eu le plaisir de participer à l’aventure BMX-Up avec mes amis Jwel et Mat G., aventure pendant laquelle j’ai eu la chance de parcourir la France et un peu l’Europe pour couvrir quelques évènements comme la Backyard Jam, les Worlds et divers contests à droite ou à gauche. Avec le recul, je me dis que c’était une époque formidable car on sentait vraiment que notre sport redémarrait tout doucement notamment grâce au phénomène des X-Games après le gros creux du début des années 90, on entrait dans une nouvelle ère et ça c’était sympa à vivre.
A cette époque, les contests étaient encore rares et seulement quelques riders sortaient vraiment du lot contrairement à aujourd’hui où chaque jour nous apporte son lot de top riders dont le niveau ne cesse de nous étonner. Parmi ces quelques riders qui sortaient du lot, il y avait évidemment le déjà légendaire Mat Hoffman mais surtout la star montante Dave Mirra qui en quelques années avait pris une dimension dépassant les frontières de notre petit milieu pour devenir une véritable star des sports extrêmes, au même titre qu’un Tony Hawk et qui était presque aussi connu du grand public que de notre petit milieu.

Big Air / Glissexpo 1998 / by Stéphane Boussac
Big Air / Glissexpo 1998 / by Stéphane Boussac

Du coup, quand Jwel m’annonça que Dave Mirra, Mat Hoffman et Tony Hawk étaient sur Paris pour une démo à Glissexpo, on était déjà comme des gosses à Noël, ravis de pouvoir approcher à nouveau ces stars que j’avais eu la chance de croiser une première fois lors des Worlds à Limoges en 93.
En quelques jours, on avait récupéré nos pass pour l’évènement, il ne restait plus qu’à attendre le jour J. On s’était donné comme objectif d’interviewer Mat et Dave sur l’évènement. Facile à dire mais plus chaud à faire, sachant qu’en tant que journaliste en herbe, j’étais plus en mode « fan de » qu’en mode reporter d’investigation imperturbable…
Le premier à être interviewé par nos soins, c’est Mat Hoffman, la légende. Grosse pression, le mec n’est pas connu pour être des plus loquaces. L’interview se passe bien mais on sent une certaine distance, peut être lié à une certaine usure des interviews et des démos à répétition… Mais bon, c’est Mat Hoffman, c’est la légende, donc je me dis que ça doit être normal…

Indian Air / Glissexpo 1998 / by Stéphane Boussac
Indian Air / Glissexpo 1998 / by Stéphane Boussac

Le second à y passer, c’est Dave Mirra, la nouvelle star. Et là c’est le choc par rapport à Mat. Déjà on le sent plus friendly avec nous. Direct ça accroche. Il nous met tellement à l’aise qu’on a l’impression d’être avec un pote alors qu’on ne le connaît que depuis quelques minutes. On oublie tout de suite la distance qui peut se créer naturellement entre une star et ses fans, il se met à notre niveau, il est clairement super cool.
Je n’ai évidemment pas le souvenir de tout ce qui s’est dit pendant cet interview après ces plus de 15 ans écoulés, mais c’est vraiment ce qui m’avait marqué à l’époque, ce côté hyper abordable du type, souriant et surtout passionné. Passionné comme nous l’étions à l’époque mais lui on savait que c’était son métier, et du coup ça faisait toujours chaud au cœur de voir que cette passion était restée intacte malgré les dollars et la notoriété.

Enorme Flair / Glissexpo 1998 / by Stéphane Boussac
Enorme Flair / Glissexpo 1998 / by Stéphane Boussac

Évidemment, comme tout le monde, j’ai été et je suis toujours choqué par la mort de Dave, j’ai même du mal à l’écrire tellement c’est difficile à croire. Je me dis que j’ai eu vraiment de la chance de passer ces quelques moments en sa compagnie et j’en suis heureux, encore plus aujourd’hui. Au final, à travers ces quelques lignes, je voulais juste lui dire un grand MERCI pour sa gentillesse vis à vis de nous mais surtout pour nous avoir fait rêver tout au long de ces années. Tu vas nous manquer Miracle Boy. »

Nous avons retrouvé cette interview de Dave signée Mikaël Legrain et ses camarades de « BMX Up ». Il suffit de cliquer sur les images ci-dessous pour pouvoir lire :

bmxup01webbmxup02webEt à force de fouiner, j’ai également fini par remettre la main sur quelques rares images vidéos de cette mythique démo de Dave à Glissexpo Paris, des rushes extraits de ma vidéo « Bicloune » :

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Eric Rothenbusch | 23Mag represent

Deux heures de découpage au milieu des années 90 pour un pochoir du Mirracle Boy
Deux heures de découpage au milieu des années 90 pour un pochoir du Mirracle Boy

« Je suis né une dizaine de jours après Dave Mirra. Comme lui, j’ai commencé le bmx au milieu des années 80 et comme lui j’ai aimé ça. J’ai suivi ses aventures dans les médias, je l’ai vu progresser jusqu’à dépasser Mat le patron. J’ai croisé sa route une première fois à Limoges. J’ai ensuite halluciné sur son engagement, sur ses combats à coups de tricks lors des BS contests. J’ai aussi vu l’argent arriver et observé comment les champions du marketing réussissaient à le transformer en superstar.

Eric "23Mag" Rothenbusch et Dave / Fise 2009
Eric Rothenbusch et Dave / Fise 2009

J’ai croisé de nouveau sa route et compris que malgré les apparences il restait un cycliste comme toi et moi avec la foi du bmx et l’envie de partager la passion. J’ai été triste de le voir s’éloigner pour affronter d’autre défis mais prenant de la distance moi aussi, j’ai compris. Quel démon a enfin pu le conduire à mettre fin à ses jours, l’aveuglant au point de ne plus voir ceux qui l’aimaient ou l’estimaient, au point de ne plus avoir conscience qu’on a toujours de nouveaux défis, de nouvelles aventures à vivre, de nouveaux jeux à découvrir ? Alors que je pensais le connaître, je ne suis pas sûr de trouver la réponse un jour. Quoi qu’il en soit tu étais un bon gars et tu resteras dans nos cœurs et nos mémoires. Repose en paix le Dave. »

Je vous invite à parcourir la bio très complète de Dave compilée par Eric sur le légendaire « 23Mag.com ».

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Christophe Boul | Boul Planet represent

Boul03« Quelle immense tristesse d’apprendre sa brutale disparition…et immense regret de ne pas avoir pu lui envoyer son dessin… prévu la semaine dernière… par manque de temps je n’ai pas pu lui faire… j’en suis encore plus dévasté de peine et de regrets… Rip Dave promis ton dessin sera flamboyant comme ta vie de Freestyle de génie ! »

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Pour compléter ces vibrants témoignages, nous avons déniché quelques petites pépites qu’il nous semblait intéressant de partager… Pour le souvenir !

Urban #7 / Mars 1998
Urban #7 / Mars 1998

En Mars 1998, Dave avait fait la une du magazine « Urban », sa seule une sur un magazine français… C’était à Glissexpo Paris, lors de ce fameux show avec Mat Hoffman et Tony Hawk entre autre, et cette journée restera à tout jamais gravée dans ma mémoire ! J’avais eu l’immense privilège de pouvoir filmer le show depuis la plateforme du half (voir montage plus haut), et j’ai encore du mal à trouver les mots… L’amplitude de ses aérials, la fluidité de ses runs, la facilité de son riding… Quelle folie ! Je n’oublierai jamais !… Lionel Cardoso avait interviewé Dave, Guedz et Armen l’avaient illustré. Je vous laisse lire ou relire en cliquant sur les images :

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Pour l’anecdote, vendredi 2 avril 1999, quelques jours avant le FISE de Palavas, Dave était invité en direct dans la première partie de l’émission « Nulle Part Ailleurs » sur Canal Plus. J’avais eu le réflexe d’appuyer sur le bouton rec de mon scope et de garder la VHS. L’interview vaut ce qu’elle vaut, les animateurs ont mal préparé leurs fiches (…), mais la petite démo de flat par l’un des meilleurs rampriders de la planète restera le moment fort… Pour le souvenir, encore une fois !

Et au rayon « encore plus léger », nous avons remis la main sur une courte interview de Dave pour le fanzine « 23Mag » début 2000, un petit condensé de joli n’importe quoi auquel il s’était prêté avec gentillesse et simplicité lors du Glissexpo à Disneyland Paris. Il savait être parfaitement disponible pour ses nombreux fans…

23Mag-ITVMirraWebPlus récent, en 2003, Dave avait enflammé le Fise de Montpellier avec son tout premier « wall to flair » puis un « flip tailwhip over the spine » intersidéral. Ci-dessous la vidéo « hommage » proposée par le Fise :

Puis en 2007, le magazine « Cream » avait également interviewé « Miracle Boy ». Je vous laisse relire les réponses aux questions de Christian Van Hanja et Arthur Dietrich :

Cream25-Oct2007-01webCream25-Oct2007-02webCream25-Oct2007-03webPour terminer, je vous invite à lire le très bel hommage de Ben Bello sur le site du magazine « Soul », et le témoignage de Matthias Dandois sur le site « Vice »…

Merci pour tout Dave.

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2015 – Hoffman Bikes – The Countdown

Le 19 Novembre 2015, Hoffman Bikes lançait sur Youtube un compte à rebours de 43 jours, histoire de fêter le 25ème anniversaire de la marque en 2016 ! Grosso modo un petit clip par jour jusqu’à fin 2015, soit 43 vidéos, qu’avec les moments forts de ces 25 dernières années et les anecdotes qui vont bien… Si vous l’avez raté, y a option rattrapage :

. 43 – Naissance d’Hoffman Bikes

« The Countdown Has Begun. In 1991 Mat Hoffman needed a bike he could trust with his life… That’s when Hoffman Bikes and the Condor Frame were born. »
Continuer la lecture de 2015 – Hoffman Bikes – The Countdown

2015 – Bicycle Motocross

BicycleMotocross-BMXBanditsAllez hop, petite tuerie vidéo du jour sur la toile!! Un bijou de réalisation signé Allan Hardy, avec Corey Bohan, Mike « Hucker » Clark et Leanna « Nicole » Curtis! Oubliez toutes les vidéos de BMX que vous avez pu voir depuis un paquet d’années… Voici enfin quelque chose de différent qu’on n’aura pas oublié dans une semaine… Pour les plus jeunes qui n’auraient pas connu le film original, « BMX Bandits » sorti au cinéma en 1983 (« Le Gang des BMX » en Français), vous trouverez facilement le DVD en échange de 2 ou 3 Euros sur la toile! Mais entre nous, il se résume facilement en 7 mn, et la parodie que vous allez voir, et revoir, puis re-revoir (…) est juste amaaaaaaazing! On s’y croirait! BAAAMM!

Pour la petite histoire, ce projet fou a germé depuis un paquet d’années dans la tête de Corey Bohan, et après 2 ans de préparation, puis 2 semaines de tournage à Sydney, là-même où « BMX Bandits » avait été shooté, le résultat est là! Bluffant! Superbe réalisation, casting aux p’tits oignons, gros moyens, souci du détail, belle lumière… et même Nicole Kidman roule mieux qu’il y a 30 ans ahahah… Pour en savoir plus sur l’envers du décor, les secrets des cascades, c’est par là :
https://www.redbull.com/fr-fr/videos/behind-the-scenes-of-bicycle-motocross

Et le teaser dévoilé quelques jours avant sur la toile :

Coffret Props Collector’s Edition Blu-ray

Ami collectionneur, oui toi là, toi qui glissait de la VHS américaine dans ton magnétoscope dans les années 90, ce message est pour toi !!!

BAAAMMM ! PROPS met les p’tits plats dans les grands et nous propose THE COFFRET Collector’s Edition Blu-ray, avec rien de moins que l’INTEGRALE de la collection du magazine vidéo le plus célèbre de l’histoire du bmx ! 120h d’images, les 78 numéros de Props, la totale et bien plus encore, des centaines de bonus, les 20 best of, des Props spéciales, et même des grosses vidéos (mythiques) bien cachées ! Le projet était pharaonique, mais après 18 mois de taf à remuer de la vieillerie, Chris Rye et sa bande sont arrivés au bout du bout ! Gros gros respect !
Le packaging est super appétissant, le contenu complètement dingue, je vous laisse découvrir le sommaire en-dessous, et le prix est plus que très raisonnable, 110€ en précommande (édition limitée) soit un peu moins de 1€ l’heure de folie ! Je pense que ça devrait en chatouiller plus d’un, moi le premier !

Tous les détails ici : http://propsbmx.com/shop/box-sets/props-collectors-edition-blu-ray-box-set/

 

Bicross Mag sur Issuu.com

Pour les accrocs aux Bicross Mag en ligne, et en attendant une refonte plus performante du site oldschoolbmxfrance.com, les 40 premiers numéros de notre bible sont désormais sur Issuu.com, la plus grosse plateforme des magazines online. Outre la qualité et la rapidité du bazar, cela permet maintenant de bouquiner également sur sa tablette ou son smartphone ! Plus besoin du plugin Flash ! On en a profité pour rajouter 20 numéros qui n’avaient pas encore été retouchés et mis en ligne, de quoi alimenter votre soif de curiosité oldschool…

Ça se passe par là : http://issuu.com/osbmxfrance

MAJ : La page Bicross Mag est également à jour sur oldschoolbmxfrance.com, les magazines pointent maintenant vers Issuu. Bonne lecture !

ISSUU-OSBMXFrance

French BMX History