Claude Vuillemot

Excellente interview de Claude en octobre 2011. Un article de Claude sur le rassemblement Old School du 23 juin 2012 à Saulon La Chapelle ICI

Claude Vuillemot, pionnier et légende du bicross, comme on l’appelait à l’époque, revient pour OSBMX France sur sa formidable carrière, depuis sa première course, le 17 mai 1980, jusqu’à la fin de sa carrière en 1993, en passant par son titre de champion du monde Superclasse Cruiser en 1987 à Orlando. Il nous offre par la même occasion un historique sur l’arrivée du bicross en France dont il fut l’un des précurseurs, ses meilleurs souvenirs, son amitié avec l’autre légende du bicross, Xavier Redois. Vous apprendrez aussi peut-être pourquoi une « bosse pro » s’appelle comme ça.

Il nous donne également sa vision du BMX d’aujourd’hui, des J.O., s’étonne de cette popularité autour de sa personne, relayée par les médias modernes tels que Facebook et nous offre quelques images de son fils, Valentin, qui s’éclate comme un petit fou comme son papa en son temps sur un « ptit vélo ».

Merci Claude d’avoir pris de ton temps pour cette interview. Et maintenant, bande de petits veinards, l’interview est dans la suite, avec en bonus la vidéo de la finale de 1987 filmé par le père de Laurent Rougemont. C’est tout simplement énorme…

Je remercie tous les gens qui posté des photos sur Facebook et qui ont servi à illustrer cette interview. Cliquez sur les photos pour les agrandir.

OSBMXF : Bonjour Claude, merci de m’accorder un peu de ton temps. Peux-tu nous dire ce que tu deviens et nous rappeler ton formidable palmarès ?

CV : Bonjour, Je suis Claude Vuillemot. J’ai 45 ans et je suis professeur d’EPS dans un lycée à Beaune. J’ai été plusieurs fois champion de France (81, 82, 83, 85), au niveau européen, j’ai terminé 2e en 83 et 3e en 87. J’ai été champion du monde en 87 à Orlando en Floride, plusieurs fois finaliste et 3ème lors de mon dernier championnat du monde en 1992 à Salavador de Bahia au Brésil.

OSBMXF : Peux-tu nous dire quand et dans quelles circonstances tu as commencé le bicross ?

Beaune 1980 – Claude Vuillemot, Vincent Dufouleur, Ghislain Gomiot et Rudy Nicolas

CV : J’ai pratiqué le « vélo cross » depuis tout petit. Quand je dis tout petit, c’est depuis l’âge de 7 – 8 ans environ. Je suis originaire du village de Quincey où il y avait un terrain de motocross. De nombreuses compétitions y étaient organisées, notamment des trophées mini vert de niveau national. Bayle et Vimond (NDLR : célèbres pilotes de motocross) y sont venus quand ils étaient jeunes. Avec mes copains de l’époque, nous étions fans et pratiquions le vélo en nous identifiant aux stars du motocross. Le bicross n’existait pas. Nous avions des vélos trafiqués genre solex. Vers la fin 1978, Motobécane, Peugeot et Raleigh ont sorti une gamme de vélos de bicross. Ils étaient bien trop chers pour moi à l’époque. Je les ai contemplés pendant des heures.

C’est alors qu’au printemps 1980, l’un de mes amis de Quincey : Vincent Dufouleur (actuel président du club de Dijon) nous a informés d’une course de bicross à Beaune. C’était le début officiel. René Nicolas possédait un magasin de motocross à Beaune et travaillait avec Marcel Seurat (importateur Husqvarna). Ils avaient lancé une gamme de bicross sur la base d’un mongoose rapporté des US par le journaliste de moto verte Alain Kuligowski. René avait donc lancé cette course avec des prêts de vélos. Je crois que ce jour restera l’un des jours les plus marquants de ma vie : c’était le 17 mai 1980. Pour la première fois, je roulais sur un vrai bicross. J’ai gagné cette course, première d’une longue série.

OSBMXF : Suite a cette course, tu as vite été « sponsorisé » ?

CV : En 1981, René Nicolas et Tonton (M. Jeannin) s’étaient lancés dans l’import de matériel américain. Ils avaient crée un groupe de coureurs pour leur faire de la pub. C’était le « team number one ». Nous avions des pièces à prix réduits. Ils nous emmenaient aux courses gratuitement. En 1982, Vitus et Skyway ont aidé le team. A l’époque, j’étais heureux d’avoir eu un cadre, une fourche et une paire de roues gratuites. C’était ça le sponsoring au début.

OSBMXF : Raconte-nous l’aventure Motobécane/MBK qui a suivi.

CV : Jusqu’à fin 1983, je suis resté avec le team number one. Nous n’avions pas une image très « fun » de Motobécane mais c’était pourtant bien là l’avenir car ils avaient des moyens énormes. Le bicross commençait à devenir très populaire et les grandes marques n’hésitaient pas à investir. René qui m’a beaucoup guidé durant ma carrière m’a suggéré de signer avec eux. J’allais me couper de ma bande de copains (Canard, Doudou, Fab,1 ) mais mon choix était fait.

J’ai donc attaqué la saison 1984 tout de rouge vêtu avec ma nouvelle tenue Motobécane JT Racing. J’avais négocié de pouvoir garder mon Hutch maquillé (celui la couverture de bicross mag au printemps 84). Les mx 400 ne me satisfaisaient pas (pas assez de rigidité en raison de la faible hauteur du cadre). En juin de la même année, j’ai pu obtenir un proto par Sylvain Billon qui était le manager du team Motobécane-Mongoose. J’avais demandé un cadre plus haut. Il est encore dans mon garage. J’ai couru toute la seconde moitié de la saison 1984 avec. Il était blanc. J’étais vraiment content de ce vélo. (NDLR : Garde le, il est inestimable)

 

  1. Philippe Piot était connu sous « canard » à cause de sa longue visière qui faisait penser à un bec. Il était vraiment très fort. Je l’ai vu faire un saut par dessus le toit de 2 voitures avec un tremplin de 1 m de haut et en retombant sur le plat. C’était à l’occasion d’une course indoor à Orléans je crois. Il y avait aussi un salon de la voiture et de la moto. Je dis tremplin car c’était une plaque de fer de 2 m de long sur 1 m de large avec des pieds qui pouvaient s’étendre à 1 mètre de haut. C’était un truc de fou. Il faut resituer ça dans le contexte et je ne suis pas sur que quelqu’un puisse faire ça aujourd’hui. Doudou, c’était Emmanuel Jeannin, le fils de Tonton. Fab du team number one , c’est Fabrice Perez qui avait d’énormes qualités mais qui a vite arrêté.

OSBMXF : Tu as eu d’autres sponsors dans ta carrière ?

CV :Lors d’un passage à Los Angeles en 1985 après le championnat du monde au canada, je suis allé chez ODI par hasard car nous allions chez BMX action (les 2 bâtiments étaient côte à côte) ! Quelle surprise de me voir proposer un petit contrat pour rouler avec leurs poignées. Ils m’en avaient fournis de toutes les couleurs et m’envoyaient un petit chèque (en dollars) tous les mois. Ça a duré quelques années. Lamouret (dont j’ai oublié le prénom ; oups !) me fournissait aussi des plaques en échange de quelques francs. Wolber, puis Michelin m’ont aussi aidé financièrement. J’avais demandé des pneus roses spécialement pour moi. Avec le recul, je me dis que j’avais de la chance car j’étais privilégié.

En 1985, Motobécane était devenu MBK. J’ai vécu une très grande année de bicross. D’une part, c’était la première année des superclasses (élites de l’époque) et je suis très fier d’avoir eu le premier titre de cette catégorie. D’autre part, MBK m’aidait vraiment et j’ai commencé à devenir plus autonome financièrement. A 19 ans, c’était génial.

Malheureusement, fin 1987, MBK a décidé de se retirer du BMX. Avec un titre de champion du monde en poche, je pensais ne pas avoir de mal à trouver un sponsor. Cette année là Éric Minozzi avait eu un contrat chez Gotcha et de là l’idée m’est venue de contacter toutes les marques de surfwear. Oxbow allait me répondre immédiatement par l’affirmative. Je prenais une nouvelle dimension. Vélo 2000 me fournissait les vélos et je roulais pour Oxbow. J’étais dans les catalogues, dans les pubs. Du pur bonheur. Quand j’allais à l’usine à Bordeaux pour me servir, je passais des journées de rêve et revenait avec des cartons entiers de vêtements. Sans dire du contrat que j’avais et qui ma permis de financer mes saisons sans problème. Je ne gagnais pas grand chose mais je survivais tout en continuant mes études en STAPS.

OSBMXF : Avant Orlando et en général d’ailleurs, suivais-tu une préparation spéciale ? Sportive ? Diététique ? Ca se faisait à l’époque dans le milieu du bicross?

CV :Pas de préparation diététique. Mais le début d’une préparation physique plus organisée avec notamment de la musculation basée sur les recherches de mon prof de l’époque Gilles Cometti. Grâce à cela, j’avais fait une super saison 1987 avec une victoire en Allemagne, 1er ou 2ème au Nouvion, bref, j’avais fini 3ème au classement européen global. Sauf qu’à la dernière manche en Belgique, j’étais tombé en finale et m’étais fait une grosse entorse de cheville. J’ai repris le vélo quelques jours avant Orlando, sans savoir que cela tiendrait. Je crois que finalement, ce break m’a fit du bien et je suis arrivé frais physiquement.

OSBMXF :Avais-tu des contacts avec les bicrosseurs freestyle du team MBK, les Mad Dogs ? Faisiez-vous des choses ensemble ?

CV :Les Mads Dogs étaient trois personnes très sympas avec qui j’entretenais de bonnes relations. Nous avons fait les supertours ensemble ainsi que d’autres démo ou salons. On se voyait occasionnellement ; c’était cool. On a passé 15 jours à Los Angeles avec José et Michel en 1985. Que de souvenirs. Une balade nocturne en Porsche 911 : José me comprendra.

OSBMXF :L’entente avec l’autre monstre du bicross français, Xavier Redois. Quand l’as-tu rencontré pour la première fois ? Il y avait une bonne ambiance entre vous, même si vous étiez concurrents direct ? Etes-vous toujours en contact ? Avec d’autres anciens Superclasses également ?

Je ne me souviens pas exactement de ma première rencontre avec Xavier. Ce qui m’énervait, c’était tout ces gens qui l’avaient vu rouler et qui me disait qu’il était très fort. Je me croyais invincible. A 16 ans, on n’est pas toujours très lucide. Surtout que j’avais dominé le bicross depuis 1980. En 1983 Xavier arrivait. Il y avait Gianni Lalli qui me faisait beaucoup plus peur. Je crois que Xavier ne pas tellement impressionné au tout début mais par la suite, il a vraiment été l’homme à battre pour moi. Le bicross s’est résumé à un seul duel pendant pratiquement 2 ans. Je respectais énormément Xavier. Naturellement il y avait une animosité mais d’un point de vue purement sportif, cela est toujours resté sain. A partir de 1988 on a lié une amitié qui nous a conduit à passer de bons moments ensemble : on passait parfois une semaine chez l’un ou chez l’autre pour s’entraîner. Cela nous rassurait car derrière ça poussait. On allait souvent aux courses inter ensemble. On prenait l’avion. On vivait comme des pros.

Actuellement, on continue de se voir de façon plus où moins régulière mais on ne se perd pas de vue. Nos filles ont passé quelques jours ensemble récemment. Nous n’aurions jamais imaginé cela quand nous nous sommes affrontés pour la première fois !

J’ai gardé des contacts avec d’autres superclasses, par internet ou ponctuellement par téléphone mais globalement on ne se voit plus. Il faudrait provoquer une rencontre, comme celle que j’avais organisé en 2000. J’ai revu Jean Luc Ferré et Christophe Leveque il y a deux ans en Californie. C’était très sympa.

2011: Xavier Redois, Nadine Vuillemot, Nathalie, Marie, Lucas et Suzanne Redois, Justine et Claude Vuillemot

OSBMXF :As-tu des anecdotes à nous raconter ? Quelles sont les meilleurs souvenirs de ta carrière ?

CV :Il faudrait un livre pour écrire toutes les anecdotes ! Le meilleur souvenir, c’est la finale d’Orlando. Quand je suis rentré en tête dans le premier virage, j’ai su que j’allais gagner. Mais je me disais il ne faut pas qu’ils te rattrapent et je crois que je n’ai jamais pédalé aussi vite. Pour la petite histoire, la tenue fluo avec laquelle j’ai gagné m’a été offerte par les Mad Dogs ! J’ai revu la vidéo quelques années après (merci à Laurent Rougemont qui me la envoyée) et je me suis rendu compte que plus la course avançait, plus je prenais de l’avance. Au niveau bmx, c’est le plus grand moment mais il y en a eu d’autres aussi. (NDLR : Effectivement, la victoire est sans appel, voir la vidéo ci-dessous). Pour info, j’ai roulé à Orlando avec un national pro restické. Je l’ai passé à RMS pour qu’ils me refassent la même géométrie et ils ne me l’ont jamais rendu. RMS, c’était une petite société d’Alsace ou Franche comté qui m’avait demandé de rouler pour eux en cruiser au début de mon contrat Oxbow car Vélo 2000 ne m’avait pas donné de cruiser.


 

L’appel de mon nom avant la finale de Bercy 1. Toute la salle s’est mise à applaudir. Nous n’étions que 2 français en finale. Je crois que j’ai été pris d’un frisson qui m’a traversé tout le corps. C’était extraordinaire. Inoubliable. Merci à vous qui étiez dans les tribunes.

Il y a eu aussi des moments forts comme le Silverdome de Pontiac en 1981 qui était ma première course aux USA. Je voyais les pros des magazines pour de vrai ! A ce titre, je voudrais dire aux jeunes que de là est venu le nom de la bosse pro. Il y avait une bosse dans la section pro que nous n’avions encore jamais vu. Nous avons nommé cette forme de bosse « bosse pro ». Et le nom est resté.

Encore un autre souvenir assez marquant, c’est celui de mes derniers moments sur un terrain de BMX. J’avais été blessé lors d’une course à Vesoul en juin 93 ? Ça restera ma dernière course officielle. Michel Lalande m’avait proposé de l’aider pour les championnats d’Europe en Suède et du monde en Hollande. J’ai frissonné en regardant les finales et j’ai stressé deux fois plus que si j’avais couru. J’ai admiré mon vieux pote Christophe Boul devenir champion d’Europe.

En dehors de ma carrière, je crois que j’ai aussi énormément vibré lors des JO. Je me suis dit que c’était arrivé un poil trop tard car cela aurait été mon rêve d’y participer.

OSBMXF :Quand as-tu stoppé la compétition ? Qu’est-ce qui t’a poussé à arrêter ?

CV :J’ai arrêté en 1993. D’abord, je venais de décrocher le CAPEPS et j’allais devoir travailler donc avoir moins de temps pour m’entraîner. J’avais aussi envie de fonder une famille et il fallait faire un choix car partir tous les weekends et s’entraîner tous les jours demande des sacrifices que je ne voulais plus infliger à Nadine. Enfin, je n’avais plus trop la foi car tous mes espoirs de voir ce sport devenir professionnel me paraissaient inenvisageables. Ca végétait et j’ai décidé de tourner la page. Michel Lalande m’avait aussi proposé de prendre la direction de l’équipe de France mais cela demandait aussi de nombreux sacrifices et j’ai refusé. Je suis tellement content que Fab (NDLR :Vettoretti) ait eu ce poste. C’est un ami de longue date. Nous avons partagé des moments inoubliables ensemble depuis les années 1985. Il a galéré au début mais il est devenu un homme de l’Histoire du bmx. (NDLR : Avec le titre olympique de Anne-Caroline Chausson et la 2ème place de Laetitia Lecorguillé aux J.O. de Pekin)

OSBMXF :As-tu rencontré ta femme grâce au BMX ? Elle était fan ?

CV :Je n’ai pas rencontré ma femme grâce au bmx mais au lycée. Un soir de décembre, alors que je venais de croiser Fab qui sortait du lycée lui aussi, j’échangeais un premier baiser avec Nadine. C’est maintenant le lycée où je travaille !

OSBMXF :Tes enfants font-ils du BMX ? Se rendent-ils compte de la star que tu as été et le statut de légende que tu as aujourd’hui dans le monde du bmx old school en particulier ?

Ma fille n’est pas très sportive et elle n’a jamais été tentée par le bmx. Mon fils quant à lui m’a réclamé d’en faire depuis tout petit. Il avait du voir les coupes qui traînent dans le garage ou alors je lui ai transmis un gêne ! Nous lui avons menti pendant deux ans en lui faisant croire que les petits n’avaient pas le droit d’en faire car nous avions estimé ma femme et moi, qu’à 5 ans, c’est trop dur de faire du bmx. Et puis en 2008, nous sommes allés accompagner un cousin de Cavaillon à la coupe de France de Beaune. Mon fils avait 7 ans et demi et il a bien vite découvert que des touts petits participaient. Nous ne pouvions plus reculer. Cela fait maintenant 4 ans qu’il roule et qu’il se fait plaisir. Je crois qu’il m’a dépassé, ça y est. Il saute des doubles de plus de 8 mètres, ce dont je ne suis plus capable ! La roue tourne. Au niveau résultat, il n’a rien d’exceptionnel mais l’important c’est de participer, de progresser et qu’il se fasse plaisir.

Je ne sais pas s’ils se rendent compte de la « star » (pour reprendre ton terme) que j’étais. Certainement un peu. Mais nous n’en parlons pas ou peu. Il arrive qu’ils me questionnent et c’est vrai que lorsque je raconte, ils sont ébahis. Moi même, j’ai pris conscience de cette popularité il y a peu de temps grâce à Facebook et à certains messages que je recevais. Je ne m’imaginais pas que je pouvais être adulé à tel point. C’est extraordinaire. Des anciens fans m’écrivent pour me dire que j’étais en poster au dessus de leur lit, qu’ils ont gardé un autographe de l’époque, une photo avec moi, …. C’est incroyable.

OSBMXF :Tu es prof. Tes élèves savent qui tu es ? Les premiers que tu as eu peut-être quand tu as commencé ta profession ?

CV :Je sais que certains élèves qui font du VTT sont au courant et ils véhiculent l’information. Ils m’en parlent parfois. Ils doivent aussi tomber sur des vidéos car les jeunes font des recherches sur leurs profs. Avec internet c’est facile.

Puisqu’on parle de l’école, j’en profite pour dire que j’encadre une activité VTT le mercredi après midi et j’ai lancé depuis 3 ans un cycle de run & bike dans le cadre de l’EPS obligatoire pour toutes les classes de secondes. Le vélo à l’école devrait être une obligation, comme le savoir nager et plus que le savoir jouer au foot (désolé pour les fans de foot !). (NDLR : Claude président en 2012 !)

OSBMXF :Sais-tu ce qu’est devenu René Nicolas, le 1er président de l’Association Française de Bicrossing ?

CV : René habite à Beaune. Je le vois de temps à autre au terrain. Il a longtemps œuvré pour le bmx sur la scène internationale où il faisait des classements informatiques et les arrivées avec la photo finish. Il est en retraite depuis peu mais continue de faire des trucs dans le bmx (il est invité aux réunions de la CN BMX par exemple). (NDLR : Big up à René Nicolas, le père du BMX français)

OSBMXF :Revenons aux Jeux Olympiques et donne-nous ton point de vue sur le BMX de haut niveau actuel.

CV :J’ai déjà partiellement répondu plus haut mais je vais donner plus d’éléments. Les JO, c’est évidemment l’aboutissement que tout sportif cherche à accomplir dans une carrière de haut niveau. Les jeunes élites qui se voient offrir cette chance doivent la saisir à 200 %. Ils doivent se rendre compte qu’au delà du bonheur lié à leur participation individuelle, il y a toute une communauté de bmxers qui les suit (j’en fais partie), toute une nation qui découvre notre sport par l’énorme médiatisation. Ils doivent en être conscients. Je rêverais d’avoir 30 ans de moins pour pouvoir y participer. Mais je ne pourrai être que spectateur.

J’ai aussi énormément vibré lors des JO. Je n’avais aucun doute sur les potentialités d’Anne Caro (NDLR:Anne-Caroline Chausson). Ce qu’elle a fait est tout simplement énorme après toutes ses victoires en VTT. Je l’ai connue toute petite à ses débuts dans le bmx car elle est de ma région. Et pour l’avoir entraînée deux ans lorsqu’elle était ado, je peux mesurer à quelle point sa motivation et son envie lui ont permis de réussir à décrocher la médaille d’or. Elle était persévérante, besogneuse et tellement talentueuse que rien ne pouvait lui barrer la route. Je l’ai vue essayer des dizaines et des dizaines de fois le même exercice jusqu’à la réussite, sans broncher, sans paniquer. Je crois qu’au delà de sa victoire et de son talent, il faudra aussi retenir sa force de caractère.

Mon point de vue sur l’évolution actuelle du bmx à haut niveau me fait un peu peur. Les buttes de plus en plus hautes, les sauts de plus en plus longs vont finir par couper la masse de l’élite. Les sponsors et les médias veulent de plus en plus de spectacle mais il faudrait faire attention que cela ne prenne pas des proportions démesurées. J’ai vu la finale de Chula Vista qui ne ressemblait à rien suite à la chute dans le premier virage. Tout est beau si le déroulement de la course est parfait mais dès qu’un grain de sable vient perturber, il n’y a plus de spectacle car les bosses sont trop longues et ne peuvent être sautées qu’à pleine vitesse.

A part cela, j’ai toujours été contre les pédales automatiques car c’est pour moi antagoniste avec les fondements de l’activité et également bien trop dangereux. Je suppose que les fédérations ont subi des pressions de fabricants pour légaliser cette pratique.

OSBMXF :Est-ce que tu roules toujours ?

CV :Je fais du VTT tous les mercredis dans le cadre de mon boulot. Ce n’est pas beau hein ? En bmx, je ne roule plus tellement. Parfois, sur une piste dans les environs (Beaune ou Messigny) pour faire quelques sauts ou des départs. Il m’arrive aussi de rouler a Saulon, où les gens du club sont aussi super sympas. Parfois mais plus rarement en champs de bosses comme récemment au « Fracktur Trail » à Bligny les Beaune (merci aux jeunes qui font ces bosses). Mais qu’est ce que c’est dur d’enchaîner. Quand je roule, c’est avec mon fils Valentin. Il est un peu fou en saut. Il n’a peur de rien. J’ai un vieux cruiser qui n’a rien d’extraordinaire.

 

 

 

 

 

 

Valentin Vuillemot filmé par son père… Bien tech le fiston !

OSBMXF :Suis-tu l’activité du BMX ? Quels sont les pilotes actuels que tu suis particulièrement ?

CV :Oui, je suis toujours les résultats avec beaucoup d’intérêt. Je dis chapeau à Joris Daudet pour son grand chelem de l’an dernier. Je vais parfois sur les compétitions où je discute plus avec les entraîneurs de DN (qui sont d’anciens superclasses) qu’avec les coureurs eux mêmes. Ils ne me connaissent pas et quand ils sont dans leur course, ils ont bien d’autres choses à faire. Je n’ose pas aller les déranger.

Personnellement si je devais faire un pronostic sur l’année à venir, je crois que Sylvain André est très prometteur et je crains que Joris Daudet ne subisse le contre coup de sa saison dernière. C’est tellement dur de rester à haut niveau. La bagarre est intense. Thomas Hamon est un coureur qui me parait être le plus pro de tous et c’est dommage qu’il n’est pas eu accès aux JO de Pékin, car à l’époque, je crois qu’il avait plus de chance qu’aujourd’hui. En tout cas, quels que soit les coureurs qui seront sélectionnés, je leur souhaite bonne chance et je les suivrai avec passion. En dehors des élites, je suis toujours très impressionné par le niveau d’Amidou Mir.

OSBMXF :Merci Claude d’avoir répondu à toutes mes questions. J’ai appris plein de choses avec cette interview et j’espère qu’il en sera de même pour les internautes et les jeunes bmxers en particulier. On finit par les traditionnels remerciements. 😉

CV : A toi, de m’accorder une interview. Aux gens qui m’ont fait confiance durant ma carrière. A René qui a compté comme un père à mes débuts.

Bonus : L’interview télévisée de Claude à l’occasion du Supertour 1986 (Merci Michel Marchetti pour le post de cette video)

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2 réflexions sur « Claude Vuillemot »

  1. Ha!!! Claude Vuillemot, ça c’est un monsieur, respect pour cet homme qui est toujours resté simple, pas la grosse tête, disponible pour les gamins et qui a tant fait pour le BMX en France.

    1. Vraiment sympa cette interview. Moi aussi j’avais Claude et Xavier en poster dans ma chambre et j’ai eu l’occasion de rouler en open avec des superclass il y a longtemps. Ils m’avaient mis 20 mètres.

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